le projet

L’exposition Profils réunit 99 visages de mannequins plastiques
photographiés dans des vitrines. Ces clichés carrés proviennent d’un peu partout
où l’auteur a voyagé : beaucoup l’Asie, l’Afrique et, bien sûr l’Hegagone.
Les photos sont figées dans un bloc de plexiglas. Mais les reflets, habilement capturés,
donnent une vie éternelle à ces visages-objets qui deviennent forcément un miroir.
Une porte vers notre passé ou notre futur. Cet autre qu’on pourrait /voudrait être.
Tous ont évidemment un prénom. Une procédure d’adoption est recommandée.

Through the plexiglass *
 [* Traduction libre : Pourquoi tu fais cette tête Nolwenn ? et toi Tania, parle !]

On aimerait tous savoir ce qu’il se passe de l’autre côté du miroir. Vous savez, ces miroirs sans imagination qui s’acharnent à nous contenir au seuil du reflet, ces écrabouilleurs de rêves qui nous renvoient paresseusement la copie très ordinaire de ce que nous sommes – déjà. Or voilà que ces profils nous entraînent au-delà de la transparence et nous apportent ainsi quelques éléments de réponse.

Il y a Éva, par exemple, qui a pensé à prendre ses pilules mais s’est oubliée sur le gloss et puis Morgane qui se souvient bien de son prénom mais un peu moins du reste.

La première impression est pour le moins troublante. Ce n’est pas encore la grande dépression mais c’est déjà plus que la lassitude, et l’on s’interroge : le monde enchanté serait-il désenchanté ? et le pays du désir, froid et lisse ?

Il y a Raïssa encore qui est d’accord, c’était de sa faute, elle n’aurait pas dû et puis Sarah définitivement absente et superbement désabusée (qu’il serait vain d’interviewer).

Alors on en vient à s’inquiéter. C’est comme ça de l’autre côté du rêve ? on nous aurait menti sur les merveilles de l’au-delà ? Ou peut-être est-ce la vraie vérité et ces images réfléchies nous renverraient fidèlement nos profils intimes que les miroirs présumés neutres déformeraient, ou est-ce l’inverse… l’on finit par s’y perdre un peu dans ces réflexions. Car il y a Caroline aussi, neurasthénique mais compatissante – sans excès toutefois – et Juliette, trop belle pour être fausse, trop bleue pour être vaine.

Mais non, c’est pourtant clair, tout cela n’est que faux cils et vrais mensonges. D’ailleurs, Maureen et Nadia, qui éclatent de rire, sont des mannequins en plastique, ça se voit bien et Toby est complétement raté, on dirait un chien.

Finalement, à observer ces profils coincés de l’autre côté du plexi, nous monte l’envie bien réelle de briser la glace, sourire à notre voisin, le toucher, lui parler, de face et l’emmener visiter le monde – de ce côté-ci.

Arnaud Sabatier

 —

99 visages vus de face.
99 mannequins qui veulent nous ressembler.
99 miroirs où la vie ne tient qu’à un cil.

99 prénoms,
rassemblés dans un «fakebook»
de plexiglass.

99 objets de graphiste

3 expositions uniques
à Saint-Gilles, Saint-Denis
et Saint-Pierre
x 33 prénoms
=
99 objets de graphiste

Tete dans les étoiles-Saint-Gilles

18 avril > 22 mai 2013
La Tête dans les étoiles / Saint-Gilles
d’Adam à Estelle

Galerue-Saint-Denis

6 juin > 2 juillet 2013
La Galerue / Saint-Denis
d’Esther à Maureen

Lolak10-Saint-Pierre

4 > 31 juillet 2013
LolaK10 / Saint-Pierre
de Michel à Yohan


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